Depuis quelque temps, l’Église, par
la voix des papes, a coutume d’appeler notre planète « la Maison
commune ». Cela a pour mérite de manifester la solidarité et la fraternité
qui lient tous les êtres, humains et non-humains, qui la composent. Elle
souligne la richesse et la diversité de tous ces êtres, ainsi que l’équilibre
qui doit présider à leur cohabitation et leur coopération. Hommes et femmes,
nous avons été créés comme responsables de cette Maison, veillant sur cette
diversité et cet équilibre. « Tous, nous sommes responsables de
tous » disait Saint Jean-Paul II
Aujourd’hui, cette Maison est
secouée par une crise qui menace les équilibres humains et environnementaux.
Les développements scientifiques et techniques qui nous ont donné un pouvoir
inédit sont questionnés par les nouvelles connaissances scientifiques. Il nous
faut réfléchir à des réorientations. De même, la mondialisation, qui avait unifié
les peuples, se révèle porteuse des venins de la volonté de dominer et du rejet,
de la loi du plus fort. Les progrès, qui nous ont apporté tant de bienfaits,
demandent à être corrigés. Cela ne concerne pas que l’agriculture mais toute
notre société.
Pour nous chrétiens, cela nous
incite non pas au catastrophisme et au découragement, mais à l’engagement et à
la confiance que nous sommes capables de trouver les nouveaux chemins de la
justice et de la paix. Non par les simplismes et la recherche facile de boucs
émissaires, ni par le retour en arrière, ni par le chacun pour soi et le refus
de l’autre, mais par une recherche équilibrée et patiente de nouvelles voies ou
de voies renouvelées.
Dans ce soin de la Maison commune,
vous, les agriculteurs, avez une place particulière : une part importante
de la gestion de la nature vous est confiée pour le bien de tous. Nourrir les
êtres humains, veiller à préserver la bio-diversité, articuler le soin de la
terre, des végétaux et des animaux de manière équilibrée, vous met en contact
privilégié avec la Création. Au delà des découragements qui peuvent naître des
difficultés liées aux aspérités de la nature, à la non-reconnaissance de votre
travail, le métier d’agriculteur est motivant : il offre un contact et une
proximité avec la nature, avec la vie et la force qu’elle contient. La
technicisation qui facilite le travail ne doit pas supprimer cette proximité et
ce plaisir. Cela donne du sens au travail. Mais la recherche excessive du
profit ou l’impossibilité de gagner sa vie ne doivent pas venir corrompre cette
responsabilité particulière de gérer la nature.
Cette mission confiée aux agriculteurs est appelée à être vécue en solidarité. Ce n’est pas une option, sauf à aller contre le sens de la Création. L’humanité a été créée solidaire. De même que nous sommes destinés à un compagnonnage attentif et bienveillant avec la nature, de même les hommes et les femmes sont appelés à prendre soin les uns des autres en veillant au respect de chacun et à la complémentarité entre les diverses catégories sociales.
Cette mission confiée aux agriculteurs est appelée à être vécue en solidarité. Ce n’est pas une option, sauf à aller contre le sens de la Création. L’humanité a été créée solidaire. De même que nous sommes destinés à un compagnonnage attentif et bienveillant avec la nature, de même les hommes et les femmes sont appelés à prendre soin les uns des autres en veillant au respect de chacun et à la complémentarité entre les diverses catégories sociales.
L’égoïsme qui attribue à l’autre la
responsabilité de ce qui ne va pas, qui
considère celui qui est différent comme un concurrent ou une menace,
qui justifie cette attitude comme une
nécessité humaine, est un poison à l’origine de la plupart de nos problèmes. La
méfiance sociale qui habite notre société est un cancer : celui-ci empêche de
croire l’autre, il lui attribue des motivations intéressées, il empêche de
travailler ensemble en confiance. A l’inverse, il nous faut redécouvrir la
richesse de la coopération qui commence par le simple plaisir d’échanger, la
multiplication des occasions de parler ensemble. Croire que l’autre est un atout pour un enrichissement mutuel. Nous
sommes responsables ensemble de la Maison commune et c’est ensemble que nous
trouverons les voies de l’avenir.
Dans l’homélie proposée l’an dernier,
il était dit : « il nous faut réapprendre à écouter, à s’écouter, à
parler, à se parler. L’individualisme qui équipe d’œillères peut quelquefois
conduire à l’autisme. Le refus de l’autre, de ses convictions et de choix
différents se mue en agressivité et en colère.Pour que notre parole soit juste,
il faut que notre écoute soir réelle. Dans ce monde complexe, il est si facile
de simplifier, de penser en noir et blanc. »
Pour cette fête de Saint Eloi, nous
nous sommes rassemblés et nous célébrons une messe. C’est à un repas que nous
sommes conviés, un repas de frères, un repas d’enfants de Dieu à qui Il a
confié la Maison commune. Offrons lui l’image d’ouvriers réellement attelés à
cette tâche.