jeudi 19 mars 2020

Saint Joseph : message de Mgr Touvet


Chers diocésains, frères et sœurs dans le Christ,


Alors que nous sommes tous confinés à la maison, j’ai souhaité venir vous rencontrer par le moyen de ces quelques lignes. Le pasteur n’oublie pas les brebis du troupeau. Je prie pour vous tous les jours en célébrant l’Eucharistie seul. Je sais aussi que vos prêtres sont là, en relation avec vous. Je sais que les diacres sont disponibles aussi, et les religieuses par la prière.

Dans ce contexte si éprouvant pour tout le monde, avec son flot de peurs et d’angoisses, avec les inquiétudes pour l’avenir, avec le poids du silence et de la solitude, je souhaite vous redire un certain nombre de principes qui doivent nous animer. Je veux aussi vous assurer de mon amitié et de mes encouragements, de ma prière et de mon soutien.


  1. L’esprit civique

Depuis quelques jours, j’ai constaté sur les réseaux sociaux ou dans des conversations que certains voudraient que les chrétiens résistent aux interdictions de rassemblement et bravent ainsi les mesures de sécurité qui ont été prescrites. Ici on a tenté de négocier une « petite messe » juste pour soi ou sa famille, et là, on prétend continuer comme avant en se rassemblant pour l’adoration dans « sa » chapelle. L’idée qu’il n’y aurait aucun risque à se rassembler pour la messe, à communier, à prier ensemble, est une sottise. Tout autant le jugement selon lequel ces mesures seraient orientées contre l’Église. Je l’ai pourtant entendu. 


Bellefontaine
Il est vrai qu’au Moyen Age ou au XIXè siècle, lors d’épidémies, les chrétiens sortaient et allaient secourir les malades, faisaient des processions et venaient en grand nombre dans les lieux de pèlerinage. Mais qui pourrait nous assurer objectivement qu’ils ne favorisaient pas ainsi les contaminations ? Aujourd’hui, c’est le personnel médical qui assure cette mission de soigner pour guérir, et nous devons respecter leur sacrifice en ne jouant pas aux médecins que nous ne sommes pas. De plus, nous avons la chance d’avoir des moyens techniques qui nous permettent d’être informés, de maintenir les relations, de vivre des célébrations en direct depuis la maison. La prière et l’intercession gardent toute leur force. 



Aussi dur que soit ce confinement - la mission de l’Église étant plutôt de rassembler - je le redis avec force : ce serait manquer de charité chrétienne que de prendre le risque de s’exposer à la contamination, et pire, d’y exposer les autres par inconscience ou par bravade. Nous le savons, l’enjeu est vital. Chrétiens, nous n’en sommes pas moins citoyens, et donc soumis aux mêmes obligations que tout le monde. Cela dépasse largement l’opinion que chacun peut avoir des autorités. C’est une affaire de responsabilité morale personnelle et collective, nationale et internationale. Le président de la République nous l’a dit : c’est une guerre contre un ennemi invisible, et nous devons tout mettre en œuvre pour la gagner. Je lisais récemment sur twitter cette réflexion qui peut nous éclairer : nos anciens étaient envoyés au front sur les champs de bataille ; à nous, il est seulement demandé de rester à la maison ! Le sacrifice n’est pas du même ordre.


Sous aucun prétexte, les prescriptions sanitaires ne sauraient être mises en rivalité avec les prescriptions de l’Église. Comme le dit saint Paul à Tite : « Rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien » (Tt 3, 1).

Je vous remercie tous de votre consciencieuse et loyale adhésion.


Concrètement : 

  • Communiqués de l’évêque avec les mesures à respecter sur : chalons.catholique.fr/veille-solidarité
  • Attestation d’habilitation des laïcs à la célébration des obsèques, à demander à secretariat.eveque@chalons.catholique.fr
  • Informations chaque jour sur RCF Cœur de Champagne




  1.  La grâce de Dieu

Je le sais, vous vous sentez désemparés de ne pouvoir vous rendre à la messe. L’absence d’assemblée dominicale crée un vide légitime et compréhensible. Les prêtres, vos pasteurs, souffrent aussi de ne pouvoir célébrer avec vous. Mais ils le font en communion avec vous et pour vous et pour tous. On a le sentiment qu’on nous arrache l’essentiel, et c’est vrai. 

Nous sommes comme le peuple hébreu en exil, toutes proportions gardées, en train d’apprendre à vivre notre foi sans le Temple, et nous ne savons pas quand nous pourrons reprendre le chemin de Jérusalem. Mais, j’en suis sûr, Dieu ne nous abandonne pas. Il est avec nous dans cette épreuve. 


Et puis, cette situation n’aura qu’un temps ! Une fois la crise passée, nous retrouverons le chemin de nos églises et de nos assemblées. Ce sera le temps des retrouvailles, dans la joie. On se sentira à la fois les mêmes et différents, on aura l’impression de s’être quittés la veille et aussi que cela aura duré une éternité.


Mais dans combien de temps ? Personne ne le sait. Je crois que nous devons nous préparer à l’éventualité que cela dure plus que 15 jours. La Semaine Sainte risque bien de devoir être vécue d’une façon tout à fait exceptionnelle. Déjà le Pape a annoncé qu’il célébrerait les offices « sans la présence de fidèles ». Du jamais vu ! Je suis au travail, avec mes collaborateurs, pour permettre à la communauté diocésaine de se rassembler virtuellement pour les Rameaux, la Messe Chrismale, et tout le Triduum Pascal. Nous le faisons en pensant à chacun, et tout particulièrement aux catéchumènes dont le baptême devra très certainement être reporté. Après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris le Lundi-Saint de l’an dernier, nous voici au seuil d’une expérience spirituelle inédite.


Villers en Argonne
Je vous invite à profiter de ce temps de privation pour vous interroger sur la façon dont vous participez à la vie de nos communautés, à la célébration de la messe. De même pour le sacrement de pénitence et réconciliation. Puisse cet éloignement creuser votre soif de la Parole de Dieu et du Pain de Vie, votre désir du pardon, et vous rendre toujours plus dignes et heureux du don qui vous est fait !


C’est certainement le bon moment pour se le rappeler : la vie chrétienne ne se limite pas à la messe du dimanche ! L’Eucharistie est la source et le sommet d’une vie qui doit par ailleurs se nourrir de la prière, de la lecture et de la méditation de la Parole de Dieu, et de tous les enseignements et temps spirituels. De nombreuses propositions existent ces temps-ci grâce aux media : radio, télévision, internet. Beaucoup me disent consacrer plus de temps pour la prière, retrouver le sens de l’essentiel, goûter avec joie les moments d’affection familiale, éprouver un appel profond à se mettre au service des autres. Ce seront des grâces à rendre au Seigneur (rendre grâce) et à faire fructifier.


Je remercie tout particulièrement les prêtres et diacres, les laïcs députés aux obsèques, ainsi que les techniciens de RCF et les membres du Sedicom.


Concrètement : 

  • Prières et méditations et acte de communion spirituelle sur : chalons.catholique.fr/veille-solidarité
  • Chapelet chaque jour (du 17 au 25 mars) en direct sur RCF Cœur de Champagne, ou sur facebook.com/diocesedechalons ou facebook.com/MgrTouvet
  • Les églises demeurent ouvertes et vous pouvez vous y arrêter pour prier, sans vous rassembler
  • Propositions de e-catéchèse et « resOmaunery » pour collégiens et lycéens sont progressivement mises en place : chalons.catholique.fr/veille-solidarité
  • Le 25 mars, jour de l’Annonciation du Seigneur, messe en direct à 18h. Puis à 19h30, chacun est invité à allumer des bougies à la fenêtre et à lire à la maison, en famille, l’Évangile de la fête (Luc 1,26-38)
  • Chaque vendredi du Carême : chemin de croix à 15h en direct sur RCF Cœur de Champagne

D’autres propositions viendront s’ajouter à cela progressivement.


  1. La lumière du monde

C’est souvent dans les moments de crise qu’on découvre la véritable valeur des personnes. Tout le monde le sait. Celui-ci que l’on croyait généreux se trouve être assez égoïste et individualiste. Celle-là qui semblait fragile s’avère être un roc. Le temps de la mise à l’épreuve et des privations nous révèle parfois durement qui nous sommes, et nous appelle à l’humilité. Nous retrouvons là l’expérience du Carême que nous vivons.


Nous sommes la lumière du monde, c’est le Christ qui nous le dit. Nous nous devons donc et devons au Seigneur d’être exemplaires.  Nous le serons dans l’observance des mesures sanitaires, certes, mais aussi dans l’ouverture à Dieu et au prochain. Je sais que beaucoup de visites amicales se font par téléphone ou visioconférence, que des services se rendent dans le voisinage : certains font les courses pour les personnes âgées, d’autres participent à la distribution des repas organisée par les services sociaux, ou gardent les enfants d’une infirmière ou d’un médecin, ou accompagnent le travail scolaire des enfants et des jeunes, et même la catéchèse… Nous pouvons entourer les familles endeuillées, les personnes au chômage technique, les artisans et commerçants qui ont dû tout fermer, les soignants très exposés au risque de contamination…


Que notre charité se donne de la peine, que notre lumière brille devant les hommes, et ce sera pour eux un témoignage.

Je remercie chacun pour sa générosité à se mettre au service des autres et à répondre ainsi à sa vocation d’être la lumière du monde.


Concrètement : 

  • Demandes et offres de service sur la page du groupe Facebook accessible depuis chalons.catholique.fr/veille-solidarité

Chers frères et sœurs, en fixant nos yeux sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu. Oui, nous traversons le désert, mais nous marchons vers la Terre Promise. Nous croyons à la victoire du Ressuscité. Aussi nous sommes dans l’espérance. 

Que ces temps de patience fassent naître et croître en chacun les trésors de la foi, de l’espérance et de la charité, pour que nos vies chrétiennes et nos communautés ressortent de cette épreuve purifiées, plus rayonnantes et plus fortes que jamais. 

Tel est le vœu que je forme, en appelant sur chacun et chacune d’entre vous la bénédiction du Seigneur et la protection de Notre-Dame de L’Épine. Je vous redis mon religieux dévouement, fidèlement « tout à tous ».


 François Touvet

évêque de Châlons


Prière à Saint Joseph

Saint Joseph,
Homme juste par ta foi,
Tu as été trouvé digne
De recevoir la garde des mystères du Salut.

Toi qui as su prendre soin de la Vierge Marie,
Et écarté d’elle tout danger,
Tu t’es fait protecteur du Christ-Seigneur
Dans la vulnérabilité de son enfance.

Vivante image de la tendresse de Dieu,
Modèle d’époux et de père,
Tu es le gardien vigilant de l’Église,
Le soutien et le consolateur des familles.

Nous te le demandons avec confiance :
Daigne implorer pour nous la miséricorde de Dieu
en ce temps d’épidémie que nous connaissons,
Afin que le Seigneur écarte de nous le mal.

Intercède pour ceux qui sont morts,
Réconforte les malades,
Protège et inspire ceux qui les soignent.
Accorde-nous de demeurer dans la confiance et la paix

Et fais que nos cœurs ne se ferment pas aux besoins de nos frères,
Mais demeurent ouverts à la détresse des hommes
Dans un amour de plus en plus sincère et fraternel.
Saint Joseph, prie pour nous,
Garde nous,
Protège-nous.                                                         Amen.