mercredi 21 novembre 2018

St Eloi 2018 : la sécheresse bouscule les agriculteurs

Les agriculteurs préparent la St Eloi en faisant le point sur ce que vit le monde agricole : météo hors norme, métier en pleine évolution, incompréhension de la part de la société

* Une situation de fond où le développement scientifique et technique qui a conduit l’agriculture des dernières décennies est remis en question ; cette contestation basée sur de nouvelles connaissances entraîne une réorientation des modes de production. En même temps de nouvelles techniques apparaissent, notamment en informatique ; elles changent le mode d’exercice de la profession. Les agriculteurs ont conscience de toute cette évolution qu’ils ont à vivre mais demandent du temps pour s’adapter.
Fait partie de cette situation de fond, une logique libérale mondialisée dominante mais aussi contestée en raison de ses dégâts humains et environnementaux. « Produire et consommer local », « remettre l’homme au centre de l’économie » sont des demandes fréquentes.


* Pour cette année, une donnée essentielle : la sécheresse, présente depuis plusieurs mois, met rudement en question les exploitations : approvisionnement des animaux, levée des semis, qualité des dernières récoltes... Si le changement climatique continue, quels choix de cultures et de pratiques ? avec quelles marges de manœuvre ?
L’inquiétude est aussi la peste porcine qui se présente par la frontière belge et pourrait obliger à supprimer des élevages entiers si elle passe en France.
Le nombre d’agriculteurs en difficulté ne faiblit pas et sollicite l’attention des organisations professionnelles.

L’action des médias déstabilise nombre d’agriculteurs. Beaucoup  de nouvelles leur apparaissent comme des agressions en  mettant en exergue quelques mauvaises pratiques (quant à l’utilisation des intrants ou le traitement des animaux) et des groupes minoritaires (végans et autres). Parfois les informations sont inexactes ou fausses. Ils ont le sentiment de ne pas être respectés dans leur professionnalisme et leurs efforts.
Ils s’efforcent d’expliquer leur travail chaque fois que l’occasion leur est donnée ou de créer des rencontres (fermes ouvertes,...) mais cela n’inverse pas l’opinion dominante sur les dangers de l’agriculture moderne. Pourtant paradoxalement les sondages expriment toujours la confiance d’une majorité de Français à leur égard.


* Il y a le sentiment que le gouvernement actuel n’a pas vraiment de projet agricole. Les agriculteurs ne se sentent pas pris en compte dans les projets de changement. Pendant ce temps, l’administration continue de faire peser sur eux une bureaucratie et des obligations qui les monopolisent et quelquefois les insécurisent.

La coopération et le mutualisme ont eu de belles réalisations mais les dimensions et les orientations des grandes coopératives et des banques  donnent aux agriculteurs un sentiment d’éloignement. Il pensent leur existence  nécessaire mais leur frustration vient du fait qu’ils n’ont plus la main sur les décisions. Tout cela est lié à une mondialisation où ces organisations tentent de prendre place mais  qui ouvre aussi la France à une concurrence où les  règles humaines et environnementales ne sont pas les mêmes (accords avec le Canada ou l’Amérique du Sud, ouverture à l’huile de palme,...). L’Europe gagnée par le libéralisme protège de moins en moins son agriculture.

Pour certains agriculteurs, l’aspiration à la coopération  conduit régulièrement à mettre en place des collaborations plus modestes où l’individu est reconnu et participant. En même temps il faut reconnaître que d’autres s’enferment dans un individualisme exempt de solidarité : beaucoup d’égoïsme, de volonté de réussir en ignorant les autres. Le foncier reste un point fréquent de logiques individualistes même si les groupements fonciers agricoles manifestent une forme de solidarité.

Dossier préparé par Joël Morlet à partir d’échanges recueillis auprès d'u groupe d'une dizaine d'agriculteurs.


La célébration de la St Eloi aura lieu à Verrières
 samedi 1 er décembre à 10 h 30