dimanche 29 novembre 2020

Saint Eloi virtuelle "Fratelli tuti"

Dans une lettre du 4 octobre dernier, intitulée « Tous Frères » le pape François juge urgent pour le monde d’aujourd’hui de travailler à plus de fraternité et d’amitié et pour cela de favoriser le dialogue. Joël Morlet

"Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe ‘‘dialoguer’’. 

Certains essaient de fuir la réalité en se réfugiant dans leurs mondes à part, d’autres l’affrontent en se servant de la violence destructrice. Cependant, « entre l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible : le dialogue. 

On confond en général le dialogue avec quelque chose de très différent : un échange fébrile d’opinions sur les réseaux sociaux, très souvent orienté par des informations provenant de médias pas toujours fiables. Ce ne sont que des monologues parallèles qui s’imposent peut-être à l’attention des autres plutôt en raison de leurs tons élevés et agressifs. Mais les monologues n’engagent personne, au point que leurs contenus sont souvent opportunistes et contradictoires.

 Souvent, la diffusion retentissante de faits et de plaintes dans les médias tend en réalité à entraver les possibilités de dialogue, parce qu’elle permet à chacun de garder, intangibles et sans nuances, ses idées, ses intérêts et ses opinions, avec, pour excuse, les erreurs des autres. L’habitude de disqualifier instantanément l’adversaire en lui appliquant des termes humiliants prévaut, en lieu et place d’un dialogue ouvert et respectueux visant une synthèse supérieure.

Le dialogue social authentique suppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre en acceptant la possibilité qu’il contienne quelque conviction ou intérêt légitime. De par sa situation et son expérience, l’autre a quelque chose à apporter. Et il est souhaitable qu’il approfondisse ou expose son point de vue pour que le débat public soit encore plus fructueux. Lorsqu’une personne ou un groupe est cohérent avec ce qu’il pense, adhère fermement à des valeurs ainsi qu’à des convictions et développe une pensée, ceci profitera d’une manière ou d’une autre à la société. Mais cela ne s’accomplit que dans la mesure où le processus en question se réalise dans le dialogue et dans un esprit d’ouverture aux autres. En effet, « dans un esprit vrai de dialogue, la capacité de comprendre le sens de ce que l’autre dit et fait, grandit nécessairement même si on ne peut l’accepter comme sa propre conviction. De cette manière, il devient possible d’être sincère, de ne pas dissimuler ce que nous croyons, sans cesser de dialoguer, de chercher des points de contact, et surtout de travailler et de lutter ensemble ». La discussion publique, si elle accorde véritablement de l’espace à chacun et ne manipule ni ne cache l’information, est un tremplin permanent qui permet de mieux atteindre la vérité, ou du moins, de mieux l’exprimer. Elle empêche les divers groupes de s’accrocher avec assurance et autosuffisance à leur conception de la réalité et à leurs intérêts limités. Soyons persuadés que « les différences sont créatrices, elles créent des tensions et dans la résolution d’une tension se trouve le progrès de l’humanité » !"