Chaque année, des agriculteurs se réunissent afin de préparer une messe en l’honneur de leur Saint Patron, Saint Eloi. A partir de ce bilan (cf. publication du 23 novembre), Joël Morlet propose quelques pistes de réflexion pour rebondir au delà de cet événement festif.
Quelques idées pour rebondir à la suite de la Saint Éloi.
Depuis quelque temps, l’Église, par
la voix des papes, a coutume d’appeler notre planète « la Maison
commune ». Cela a pour mérite de manifester la solidarité et la fraternité
qui lient tous les êtres, humains et non-humains, qui la composent. Elle
souligne la richesse et la diversité de tous ces êtres ainsi que l’équilibre
qui doit présider à leur cohabitation et leur coopération. Hommes et femmes,
nous avons été créés comme responsables de cette Maison, veillant sur cette
diversité et cet équilibre. « Tous, nous sommes responsables de
tous » disait Saint Jean-Paul II
Pour nous chrétiens, cela nous
incite non pas au catastrophisme et au découragement mais à l’engagement et à
la confiance que nous sommes capables de trouver les nouveaux chemins de la
justice et de la paix. Non par les simplismes et la recherche facile de boucs
émissaires, ni par le retour en arrière, ni par le chacun pour soi et le refus
de l’autre mais par une recherche équilibrée et patiente de nouvelles voies ou
de voies renouvelées.
Dans ce soin de la Maison commune,
vous, les agriculteurs avez une place particulière : une part importante
de la gestion de la nature vous est confiée pour le bien de tous. Nourrir les
êtres humains, veiller à préserver la biodiversité, articuler le soin de la
terre, des végétaux et des animaux de manière équilibrée vous met en contact
privilégié avec la Création. Au-delà des découragements qui peuvent naitre des
difficultés liées aux aspérités de la nature, à la non-reconnaissance de votre
travail, le métier d’agriculteur est motivant : il offre un contact et une
proximité avec la nature, avec la vie et la force qu’elles contiennent. La
technicisation qui facilite le travail ne doit pas supprimer cette proximité et
ce plaisir. Cela donne du sens au travail. Mais la recherche excessive du
profit ou l’impossibilité de gagner sa vie ne doivent pas venir corrompre cette
responsabilité particulière de gérer la nature.
Cette mission confiée aux
agriculteurs est appelée à être vécue en solidarité. Ce n’est pas une option,
sauf à aller contre le sens de la Création. L’humanité a été créée solidaire.
De même que nous sommes destinés à un compagnonnage attentif et bienveillant
avec la nature, de même les hommes et les femmes sont appelés à prendre soin
les uns des autres en veillant au respect de chacun et à la complémentarité
entre les diverses catégories sociales.
Dans l’homélie proposée l’an
dernier, il était dit : « il nous faut réapprendre à écouter, à
s’écouter, à parler, à se parler. L’individualisme qui équipe d’œillères peut
quelquefois conduire à l’autisme. Le refus de l’autre, de ses convictions et de
choix différents se mue en agressivité et en colère. Pour que notre parole soit
juste, il faut que notre écoute soir réelle. Dans ce monde complexe, il est si
facile de simplifier, de penser en noir et blanc. »
Pour cette fête de Saint Eloi, nous
nous sommes rassemblés et nous célébrons une messe. C’est à un repas que nous
sommes conviés, un repas de frères, un repas d’enfants de Dieu à qui Il a
confié la Maison commune. Offrons lui l’image d’ouvriers réellement attelés à
cette tâche.
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