samedi 9 mai 2020

Terres d'espérance : Journée du refus de la Misère le 17 octobre à Sézanne - 51 -

Initiative se rapportant au chapitre "Pauvretés - Fragilités"
du rendez-vous Terres d'espérance



Cette initiative venue des chrétiens du Sézannais, engagés dans le CCFD, le Secours Catholique et ATD Quart Monde est intéressante parce qu'elle montre une action remarquable vers les plus fragiles, dimension centrale dans la Mission de l'Eglise.



Elle montre aussi que dans leur mission les chrétiens sont amenés à travailler avec toutes les personnes  et associations de bonne volonté quelles que soient leurs croyances et cela ne ternit pas leur témoignage; cette situation correspond au contexte habituel de notre annonce de l'Evangile.





"17 octobre, Journée du refus de la misère"
(Sézanne 51)



1- Contexte et Genèse

En 2008 commence au niveau des paroisses du Sézannais (Sud-Ouest de la Marne) une sensibilisation à la pauvreté : témoignage du directeur du Centre intercommunal d’Action sociale.

En 2011, décision est prise d’impliquer tous ceux qui le veulent dans cette soirée du 17 octobre : Secours Populaire, Secours catholique, CCFD, La Croix Rouge, le CIAS, Lire et faire lire, Médiathèque, Ecoles et cité scolaire, Alphabétisation, Espace Jeunes, Conseil municipal des Jeunes, Diaconia 2013, Vie libre, Sz’aide (accueil des migrants). Il est veillé à ce que les pauvres soient partie prenante et puissent s’exprimer, notamment au travers de PISTE (entreprise de réinsertion)  et aussi migrants.

Le but partagé par tous est une sensibilisation aux pauvretés, une invitation à l’engagement ; il s’agit de changer le regard des gens. Le rassemblement est a-politique et a-confessionnel.

2- Description de l'expérience

La soirée est préparée par un travail intense de mai à novembre. Chaque année comporte un thème :  Déclaration des droits de l’homme, lutte contre les discriminations sociale, culture, écologie, Convention internationale des droits de l’enfant.

Création d’une chorale, d’un atelier sculpture par des gens en situation de pauvreté.
Depuis est né un repas partagé un dimanche par mois qui réunit une quarantaine de personnes.
Des enseignants du primaire, du collège et du lycée se mobilisent sur le thème et permettent aux jeunes de participer à cette soirée.

« La forêt des idées reçues a pu alors être réalisée le 17 octobre, grâce à un artiste, qui a créé une forêt à partir de matériel de récupération, des paroles retenues, des dessins réalisés ; des jeux de rôles pour sensibiliser les personnes présentes ont pu compléter cette exposition intergénérationnelle lors de cette journée qui a regroupé enfants, ados, parents, adultes, personnes accompagnées, acteurs de la société civile … en fait 120 personnes environ ! Des mondes qui ne se côtoyaient pas régulièrement ont pu ce jour-là vivre un grand moment ensemble d’écoute, de partage (en particulier à l’aide du jeu du positionnement) ».

3- Quels fruits dans la relation aux personnes ?

Chaque association est là avec son étiquette mais pas pour son étiquette.  Libres-penseurs et cathos se côtoient. Le fait que certains soient liés à la paroisse ne pose pas de problème, c’est plutôt une découverte heureuse. Découverte de la générosité de certaines personnes quelles que soient leurs convictions. Il est partagé un esprit de dévouement, une belle leçon de « diaconie ». On apprend le partage.

On va plus loin grâce au collectif, pluralité des regards. C’est aussi l’avantage du rural ; tous se côtoient dans une collectivité restreinte et c’est plus facile, si on le désire, de faire ensemble. Il s’agit d’aller vers l’autre et d’avancer avec.

Pour les plus pauvres, ils se donnent de la valeur entre eux (un point d’honneur à présenter quelque chose de beau) et ils sont heureux. On leur permet de donner, de parler et pas seulement de recevoir. Il y a une reconnaissance de leur dignité. Il s’agit aussi de rompre un isolement.

4- Quels fruits dans la relation à l’environnement ?

Il y a eu une année le thème de l’écologie. Cela a permis de sensibiliser les jeunes à la question de l’écologie.
A noter que les dégâts de l’environnement concernent déjà les plus pauvres : maisons mal isolées, nourriture, déplacements. La problématique de la pauvreté met aussitôt en relief des problèmes écologiques qui les impactent.
Prise de conscience de toutes les dimensions de notre humanité : culture, relations sociales, vie matérielle, lien à l’environnement

5- Quels fruits dans la relation à soi-même ?

Travailler au changement de regard des gens sur ces questions de pauvreté : une connaissance plus directe permet de réformer ses jugements.
Occasion pour les plus pauvres de prendre conscience de leur dignité et de leurs capacités.
Grandir dans ses convictions et sa réflexion par la rencontre des autres
Effort de bienveillance , une bienveillance réciproque ; entretenir le lien social.
Nourrir les vertus de persévérance et d’espérance car tout cela est fragile.
Accepter les gens tels qu’ils sont.

6- Quels fruits dans la relation à Dieu


Voici un témoignage :
"J’ai baigné depuis toute petite dans la spiritualité des frères et sœurs des campagnes,  qui est pour moi « être là », « être avec simplement ;  « vivre dans la simplicité », « faire avec et non pour », …. .
Ceci m’a certainement orienté dans mon choix professionnel, dans mon attention à l’autre, être attentive à ce que peut vivre mon voisin.
Répondre à l’appel du 17/10, rejoint mes convictions personnelles,  de laisser la place à chacun quel qu’il soit (race, culture, rang social,)  cela peut paraitre idéaliste, certain me dise que je crois encore à un monde de bisounours, et me dise de redescendre sur terre… .
Oh que non je sais bien que le monde de bisounours n’existe pas, la dureté de la vie me le démontre tous les jours, la vie est difficile, d’ailleurs elle ne m’épargne pas non plus mais je crois en un Dieu qui se dit « Amour » et qui me propose de le suivre sur ce chemin.  Je pense que chacun à sa place si on  lui laisse la prendre, chacun à sa contribution, chacun doit donner  ses talents  pour un mieux vivre ensemble.
Quand St Paul dans sa lecture nous dit « que  le Seigneur vous donne,
entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, …
 et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, il y a toujours une question d’ouverture de cœur et d’amour.
Merci Seigneur, de me demander de te servir d’instrument et de m’aider à tenir dans cette mission que tu me demandes".
Sommes-nous dans la Mission : nous n’annonçons pas directement le Christ mort et ressuscité. Mais les gens savent qui nous sommes et à quelle association nous appartenons. C’est surtout un acte de foi en l’homme que nous partageons dans une ouverture à tous et cela rejoint l’Évangile.
Cet engagement et ces actions permettent à notre foi de grandir, de s’épanouir de prendre de nouvelles dimensions.