Initiative se rapportant au chapitre "Pauvretés - Fragilités"
du rendez-vous Terres d'espérance
Cette initiative venue des chrétiens du Sézannais, engagés dans le CCFD, le Secours Catholique et ATD Quart Monde est intéressante parce qu'elle montre une action remarquable vers les plus fragiles, dimension centrale dans la Mission de l'Eglise.
Elle montre aussi que dans leur mission les chrétiens sont amenés à travailler avec toutes les personnes et associations de bonne volonté quelles que soient leurs croyances et cela ne ternit pas leur témoignage; cette situation correspond au contexte habituel de notre annonce de l'Evangile.
"17 octobre, Journée du refus de la misère"
(Sézanne 51)
(Sézanne 51)
1- Contexte et Genèse
En 2008 commence au niveau des paroisses du Sézannais
(Sud-Ouest de la Marne) une sensibilisation à la pauvreté : témoignage du
directeur du Centre intercommunal d’Action sociale.
En 2011, décision est prise d’impliquer tous ceux qui le
veulent dans cette soirée du 17 octobre : Secours Populaire, Secours
catholique, CCFD, La Croix Rouge, le CIAS, Lire et faire lire, Médiathèque,
Ecoles et cité scolaire, Alphabétisation, Espace Jeunes, Conseil municipal des
Jeunes, Diaconia 2013, Vie libre, Sz’aide (accueil des migrants). Il est veillé
à ce que les pauvres soient partie prenante et puissent s’exprimer, notamment
au travers de PISTE (entreprise de réinsertion)
et aussi migrants.
Le but partagé par tous est une sensibilisation aux
pauvretés, une invitation à l’engagement ; il s’agit de changer le regard
des gens. Le rassemblement est a-politique et a-confessionnel.
2- Description de l'expérience
La soirée est préparée par un travail intense de mai à
novembre. Chaque année comporte un thème :
Déclaration des droits de l’homme, lutte contre les discriminations
sociale, culture, écologie, Convention internationale des droits de l’enfant.
Depuis est né un repas partagé un dimanche par mois qui
réunit une quarantaine de personnes.
Des enseignants du primaire, du collège et du lycée se
mobilisent sur le thème et permettent aux jeunes de participer à cette soirée.
« La forêt des idées reçues a pu alors être
réalisée le 17 octobre, grâce à un artiste, qui a créé une forêt à partir de
matériel de récupération, des paroles retenues, des dessins réalisés ; des
jeux de rôles pour sensibiliser les personnes présentes ont pu compléter cette
exposition
intergénérationnelle lors de cette journée qui a regroupé
enfants, ados, parents, adultes, personnes accompagnées, acteurs de la société
civile … en fait 120 personnes environ ! Des mondes qui ne se côtoyaient pas régulièrement ont pu
ce jour-là vivre un grand moment ensemble d’écoute, de partage
(en particulier à l’aide du jeu du positionnement) ».
3- Quels fruits dans la relation aux personnes ?
Chaque association est là avec son étiquette mais pas pour
son étiquette. Libres-penseurs et cathos
se côtoient. Le fait que certains soient liés à la paroisse ne pose pas de
problème, c’est plutôt une découverte heureuse. Découverte de la générosité de
certaines personnes quelles que soient leurs convictions. Il est partagé un esprit de dévouement, une belle leçon de
« diaconie ». On apprend le partage.
On va plus loin grâce au collectif, pluralité des regards.
C’est aussi l’avantage du rural ; tous se côtoient dans une collectivité
restreinte et c’est plus facile, si on le désire, de faire ensemble. Il s’agit
d’aller vers l’autre et d’avancer avec.
Pour les plus pauvres, ils se donnent de la valeur entre eux
(un point d’honneur à présenter quelque chose de beau) et ils sont heureux. On
leur permet de donner, de parler et pas seulement de recevoir. Il y a une
reconnaissance de leur dignité. Il s’agit aussi de rompre un isolement.
4- Quels fruits dans la relation à l’environnement ?
Il y a eu une année le thème de l’écologie. Cela a permis de
sensibiliser les jeunes à la question de l’écologie.
A noter que les dégâts de l’environnement concernent
déjà les plus pauvres : maisons mal isolées, nourriture, déplacements. La
problématique de la pauvreté met aussitôt en relief des problèmes écologiques
qui les impactent.
Prise de conscience de toutes les dimensions de notre
humanité : culture, relations sociales, vie matérielle, lien à
l’environnement
5- Quels fruits dans la relation à soi-même ?
Travailler au changement de regard des gens sur ces
questions de pauvreté : une connaissance plus directe permet de réformer
ses jugements.
Occasion pour les plus pauvres de prendre conscience de leur
dignité et de leurs capacités.
Grandir dans ses convictions et sa réflexion par la
rencontre des autres
Effort de bienveillance , une bienveillance
réciproque ; entretenir le lien social.
Nourrir les vertus de persévérance et d’espérance car tout
cela est fragile.
Accepter les gens tels qu’ils sont.
"J’ai baigné depuis toute petite dans la spiritualité des
frères et sœurs des campagnes, qui est
pour moi « être là », « être avec simplement ; « vivre dans la simplicité »,
« faire avec et non pour », …. .
Ceci m’a certainement orienté dans mon choix professionnel, dans mon attention à l’autre, être
attentive à ce que peut vivre mon voisin.
Répondre à l’appel du 17/10, rejoint mes convictions
personnelles, de laisser la place à
chacun quel qu’il soit (race, culture, rang social,) cela peut paraitre idéaliste, certain me dise
que je crois encore à un monde de bisounours, et me dise de redescendre sur
terre… .
Oh que non je sais bien que le monde de bisounours
n’existe pas, la dureté de la vie me le démontre tous les jours, la vie est
difficile, d’ailleurs elle ne m’épargne pas non plus mais je crois en un Dieu qui se dit « Amour »
et qui me propose de le suivre sur ce chemin.
Je pense que chacun à sa place si on lui
laisse la prendre, chacun à sa contribution, chacun doit donner ses talents
pour un mieux vivre ensemble.
Quand St Paul dans sa lecture nous dit « que
le Seigneur vous donne,
entre vous et à l’égard de tous les hommes, un
amour de plus en plus intense et débordant, …
et qu’ainsi il
affermisse vos cœurs, il y a toujours une question d’ouverture de cœur et
d’amour.
Merci Seigneur, de me demander de te servir d’instrument
et de m’aider à tenir dans cette mission que tu me demandes".
Sommes-nous dans la Mission : nous n’annonçons pas
directement le Christ mort et ressuscité. Mais les gens savent qui nous sommes
et à quelle association nous appartenons. C’est surtout un acte de foi en
l’homme que nous partageons dans une ouverture à tous et cela rejoint
l’Évangile.
Cet engagement et ces actions permettent à notre foi de
grandir, de s’épanouir de prendre de nouvelles dimensions.
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