mercredi 6 mai 2020

Terres d'espérance : une Cuma solidaire en Htes Pyrénées

Initiative se rapportant au chapitre "agriculture" du rendez-vous Terres d'espérance

L'expérience décrit une réalité bien connue dans le monde agricole qui est celle des coopératives d'utilisation de matériel agricole. L'intérêt du témoignage sur l'histoire de la construction de cette coopérative est d'en montrer la dimension humaine : ce qu'elle demande de travail pour se comprendre, de conversion intérieure pour bien vivre cette relation aux autrs et d'aptitude juste pour bien se situer face à la Création qui nous est confiée.

"Une Cuma solidaire dans le secteur de Galan -65-"



1- Genèse de l'initiative

En 1998, onze agriculteurs des villages de Sentous et Lahitte se regroupent pour acheter une remorque et d'autre matéreils en commun.

En hiver 1999-2000, la commune de Sentous a réussi une restructuration foncière. Le parcellaire s'est amélioré, les champs plus grands laissent  d'entrevoir la possibilité d'utiliser des outils plus larges. Les projets structurants voient le jour à partir de 2001 avec irrigation par pivots.

Les agriculteurs arrivent plus nombreux, avec des initiatives nouvelles : achat de matériels d'élevage et culture, tracteurs, moissonneuse-batteuse, puis embauche de salariés, le pulvérisateur automoteur et enfin la construction d'un hangar avec aire de lavage, salle de réunion, tout cela en moins de 20 ans. Il faut dire que les adhérents se connaissent depuis longtemps, certains depuis l'école puis grâce au comité des fêtes, au rugby.

En 2013, fusion avec la Cuma voisine. Le groupe es renforcé pour atteindre aujourd'hui 42 adhérents.

2- Description de l'initiative

Aujourd'hui, nous avons constitué un groupement d'achat pour intrants (semences, engrais, carburant...) qui sert aussi à la vente commune des récoltes pour obtenir de meilleurs prix grâce à un volume plus conséquent. Parmi les innovations, à noter également que les hangars correspondent à 960 m2, équipés de panneaux photovoltaïques, ce qui permet grâce à la vente d'électricité de couvrir une bonne parti des chages.

La moyenne des 42 exploitations correspond à 45 ha. Aujourd'hui, la Cuma est d'abord un groupe d'agriculteurs qui ont des projets communs, qui dialoguent en permanence. Le hangar où le matériel es à l'abri est devenu aussi un lieu d vie. Quatre modules de chantiers, achetés d'occasion, ont permis l'amnégemnet d'un bureau, d'une salle de réinon, et d'un espace avec sanitaires.

Ce hangar est devenu également un centre important d'activités de la commune. Il attire bien sûr les adhérents, certains y passent tous les jours, et devient aussi un lieu de rencontre avec les habitants du village.

3- Les acteurs

42 agriculteurs et agricultrices sont partie prenante, venus d'une douzaine de villages voisins, pour une moyenne d'âge de 48 ans. Ils sont éleveurs de bovins, volailles, porcs, ovins et, en même temps, céréaliers. Ce sont des hommes et des femmes aux profils différents qui ont un jour décidé de se parler et de mettre leurs efforts en commun grâce, bien évidemment, à quelques hommes fédérateurs pour ce projet de création de de la Cuma.

Ces acteurs recherchent  à travers cette formule une meilleure qualité de vie : famille, loisirs, vacances, respect de notre outil de travail et de vie : la nature, le sol, l'air, les hommes et le monde...


4- Les fruits de cette expérience

Relation aux personnes

Cette initiative a permis à un groupe d'hommes de communiquer. Une dizaine de responsables se retrouvent souvent le matin pour boire le café ensemble et échanger sur les différents projets mais aussi sur la vie des uns et des autres. Les autres membres se retrouvent aussi, moins fréquemment, à travers des commissions de travail. Lorsqu'un des adhérents est en difficulté, nos sommes donc en mesure de l'aider.

La marche de la Cuma est ainsi connue et partagée entre les uns et les autres : organisation de la collecte, définition des prix d'achat et de vente, utilisation du matériel. Le foncier appartenant à chacun est pour autant travaillé en commun. Les adhérents ont très sérieusement allégé leur propre matériel; celui de la Cuma est à la disposition de tous, sans distinction de personne, la responsabilité étant l'affaire de tous.

Relation avec l'environnement

Depuis plus de 15 ans, nous ne retournons plus la terre (labour) afin de préserver la vie du sol (vers de terre et carabes, mulots, micro-organismes…) et nous évitons les phénomènes d'érosion en couvrant systématiquement les parcelles, après récolte, de couverts végétaux qui ont pour rôle de travailler le sol par leurs racines.

Nous préservons également la faune et la flore sauvage ainsi que le verdissement de la nature en maîtrisant la pulvérisation, faite principalement de nuit,  avec des doses d'herbicides réduites au minimum; les insecticides ont été supprimés depuis plus de 6 ans.

Relation avec soi-même

Cette expérience a permis à chacun d'entre nous de faire la point sur sa vie professionnelle et familiale. Cette action a contribué pour chacun à une réflexion personnelle sur son avenir, et le devenir de ceux qui l'entourent (famille, voisins, autres ruraux et même urbains) car, sans les autres, nous sommes peu de choses.

Chaque adhérent a pu avancer sur la connaissance des capacités de chacun à pouvoir partager ses biens, ses pratiques et son savoir. Une prise de conscience s'est faite du bien qui nous a été transmis et que nous transmettons à toute "la planète".

Relation à Dieu

Nous avons eu une approche différente sur les rapports avec les biens. Nous rendent-ils plus heureux, plus riches? La réflexion de notre groupe tourne sur des idéaux créés par l'homme. Mais l'idéal est ailleurs : reconnaître la magnifique beauté et l'organisation de la création qui nous a été donnée à nous les hommes, ainsi que le sens de la vie humaine, courte, fragile, mais si riche!

Tout cela témoigne de "la main de Créateur" et de la relation avec les individus qui déterminent leur avenir spirituel ainsi que la relation avec les autres personnes. Pour cela, nous devons admettre nos faiblesses et reconnaître, avec humilité, qu'en tant qu'êtres humains, nous ne sommes pas toujours à la hauteur de nos valeurs.