Suite à la publication du 18 novembre sur le bilan de l'année agricole, Joël Morlet propose quelques pistes de réflexion pour rebondir au delà de l'événement festif de la Saint-Éloi.
Dépasser
le trouble actuel du monde agricole
Cette
fête de Saint Eloi trouve le monde agricole dans le trouble. Le métier
d’agriculteur reste ce beau métier qui met en contact avec la nature et sa
force de vie ; force de vie que l’on peut admirer chaque jour et à
laquelle le travail agricole fait porter du fruit. Mais tout cela se trouve
obscurci par diverses incertitudes, incohérences et questions qui peuvent être
écologiques (climat, maladies, …), économiques (concurrences brutales),
sociales (isolement, faire face à la diversité des attentes de la société),
politiques (règles de la PAC et administration française) au point que l’avenir
apparait incertain ; beaucoup d’agriculteurs se trouvent déstabilisés sans
vision pour l’avenir. De ce fait la fierté et la dignité de cette profession
s’en trouvent affectées.
Contribuer
au bien-être et au progrès de la société
Il est tout à fait légitime de désirer trouver une utilité et une fierté dans l’exercice de son métier. Précisément la Parole de Dieu nous invite à garder l’espérance et à continuer à œuvrer pour que le métier d’agriculteur contribue au bien-être et au progrès de notre société. Les bouleversements actuels sont importants et il n’y aura pas de retour en arrière à l’identique ; il s’agit maintenant de tracer des chemins pour renouveler le rapport à la nature et créer une harmonie entre les hommes et avec cette Création que Dieu nous a confiée. Il y va de notre responsabilité même si le chemin apparait difficile.
Dans
cet engagement pour tracer des chemins d’avenir, une finalité doit rester
essentielle, c’est celle de contribuer au Bien commun,
au bien de tous. Les exploitations
agricoles sont aujourd’hui très diversifiées mais cela ne supprime pas la
nécessité de l’échange, de la concertation, de la collaboration pour déterminer
les chemins les plus bénéfiques pour une agriculture au service de l’humanité.
Avant de se penser concurrents ou opposés du fait des choix que nous avons
faits et qui creusent toujours plus d’individualisme, il s’agit de se penser
solidaires et complémentaires. Des problèmes ne trouveront de solutions qu’en y
travaillant ensemble et en mettant nos idées et nos efforts en commun. C’est à
la mise en valeur de la même nature que nous sommes appelés.
Le
Bien commun doit inclure l’ensemble des catégories sociales du pays
Plus
largement la recherche du Bien commun doit inclure
l’ensemble des catégories sociales de notre pays. Chacun a ses aspirations
et ses projets. Les territoires ruraux doivent définir leur devenir dans le
dialogue et la compréhension entre agriculteurs et autres ruraux ; il
s’agit d’habiter ces territoires ensemble, chacun y trouvant sa place. Au niveau
de toute la société, la qualité de l’environnement et celle de l’alimentation
de même que le défi énergétique sont des enjeux importants pour tous et les agriculteurs
sont au cœur de ces enjeux. Là aussi il s’agit de construire ensemble. Les
polémiques idéologiques, les exclusions et les positions rigides ne
construiront rien. Il faut avancer ensemble dans l’écoute, l’accueil de ce que
porte l’autre.
Dans
toutes ces évolutions que nous connaissons, une attention particulière doit
être portée aux plus fragiles, ceux qui risquent de rester au bord de la route.
Une solidarité doit se manifester pour leur permettre de garder leur dignité à
eux aussi.
Des
technologies de pointe au service de la communauté humaine
Tous
ces efforts pour sortir des impasses et avancer vers une société plus juste et
plus fraternelle en harmonie avec la nature peuvent nous apparaitre difficiles
et même vains. Saint Paul nous dit que c’est comme un enfantement, il va vers
la vie.
Notre
foi est source d’espérance
Et au
moment où nous entrons dans le temps de l’Avent, il faut nous rappeler que nous
ne fêtons pas seulement un évènement du passé, la naissance du Christ. Sa
naissance n’est commémorée que pour nous rappeler que le Christ reviendra pour
accomplir ce qu’il a commencé. Cette foi est la source de l’espérance qui anime
les chrétiens et fait qu’ils ne baissent jamais les bras. Nous ne pouvons pas
abandonner notre responsabilité. Dans le soleil ou le brouillard, il faut
construire une société où l’homme, responsable de la Création, construit jour
après jour par son activité un monde harmonieux, un monde de progrès humain
vrai. Les Béatitudes nous rappellent les dispositions profondes qui doivent
nous animer pour aller dans ce sens : désintéressement qui traduit la
pauvreté de cœur, souci de la justice, travail pour la réconciliation et pour
la paix, dévouement sincère pour le bien de l’ensemble.