lundi 26 octobre 2020

Saint Eloi 2020 : imaginer une autre orientation des exploitations?

 La St Eloi se profile à l'horizon. Comme de coutume, un petit groupe d'agriculteurs s'est retrouvé autour de Joël Morlet pour faire le point sur la campagne écoulée et sur ce que vit le monde agricole. Voici quelques données sur ce bilan d'étape.


* Certaines données ne sont que la continuation des années précédentes.

La sécheresse a gâché une bonne partie des récoltes de grande culture, sauf pour le blé. Elle est catastrophique pour l’élevage. Elle met à mal les capacités des agriculteurs à respecter les contraintes administratives (cultures intermédiaires). Le changement climatique se vérifie et impose de repenser les productions à l’avenir.

La contestation des traités conclus, par exemple avec le Canada ou les pays d’Amérique du Sud, à cause d’une différence entre les normes sanitaires et environnementales de ces pays et les nôtres.

Le nombre d’agriculteurs en difficulté s’accroit d’année en année et sollicite l’attention des organisations professionnelles mais aussi de tous les agriculteurs. 

L’action des médias déstabilise nombre d’agriculteurs. Ils ont le sentiment de ne pas être respectés dans leur professionnalisme. Les agriculteurs s’efforcent cependant d’expliquer leur travail chaque fois que l’occasion leur est donnée ou de créer des rencontres (fermes ouvertes,...) .

Il y a le sentiment que le gouvernement actuel n’a pas vraiment de projet agricole. Pendant ce temps, l’administration continue de faire peser sur eux une bureaucratie et des obligations sans cesse croissantes.

Certains s’enferment dans un individualisme exempt de solidarité : beaucoup d’égoïsme, de volonté de réussir en ignorant les autres. Le foncier reste un point fréquent de logiques individualistes même si les groupements fonciers agricoles manifestent une forme de solidarité.

* Ce qui marque cette année 

Avec l’épidémie de la Covid 19, les agriculteurs sont apparus comme ceux qui ont permis de maintenir la chaine alimentaire. Avec celui des soignants et d’autres professions, leur travail a été reconnu comme un maillon essentiel de notre société. (notons aussi dans le contexte du confinement la chance de pouvoir travailler au grand air).

Le confinement a aussi bénéficié aux circuits courts mais il semble que cette tendance ait du mal à se maintenir.

La jaunisse de la betterave remet sur le devant de la scène la question environnementale et la demande des agriculteurs d’avoir du temps pour s’adapter (prolongation des néonicotinoïdes). La plupart sont maintenant conscients de la nécessité de prendre en compte des orientations pour une croissance verte. Au niveau des organisations professionnelles, la prise en compte du « green deal » européen, pacte vert européen, est maintenant une réalité avec cette conviction que l’agriculture est une solution pour les questions environnementales : climat, photosynthèse, bio-carburants.

Un effort important est fait au niveau du département de la Marne avec l’opération « Symbiose » pour favoriser la biodiversité. Cette opération commence à connaître une reconnaissance de la part d’organisations économiques et au niveau national.

Devant le changement climatique et les demandes sociétales, beaucoup d’agriculteurs essaient d’imaginer une autre orientation de leur exploitation en fonction de leurs potentialités : méthanisation, photovoltaïque, circuit court, accueil,… Mais on rencontre aussi du fatalisme.

Les coopératives (et négociants) subissent les répercussions des difficultés de la profession agricole et doivent se réajuster : réduction des implantations et donc du personnel,...