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Une situation de fond, déjà observée l'année dernière, où le développement scientifique et technique qui a
conduit l’agriculture des dernières décennies est remis en question ;
cette contestation basée sur de nouvelles connaissances entraine une
réorientation des modes de production. En même temps, de nouvelles techniques
apparaissent, notamment en informatique ; elles changent le mode
d’exercice de la profession. Les agriculteurs ont conscience de toute cette évolution
qu’ils ont à vivre mais demandent du temps pour s’adapter.
* Fait
partie de cette situation de fond une logique libérale mondialisée, dominante mais elle est aussi contestée en raison de ses dégâts humains et
environnementaux. La contestation des traités conclus, par exemple avec le
Canada ou les pays d’Amérique du Sud, vient d’une différence entre les normes sanitaires et
environnementales de ces pays et les nôtres. Plus largement, une mondialisation
qui ignore les hommes et les groupes humains est de moins en moins acceptée.
«Produire et consommer local », « remettre l’homme au centre de
l’économie » sont des demandes fréquentes.
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Pour cette année, une donnée essentielle : la sécheresse, présente depuis
plusieurs mois, met rudement en question les exploitations :
approvisionnement des animaux, levée des semis, qualité des dernières
récoltes... Si le changement climatique continue, quels choix de cultures et de
pratiques ? avec quelles marges de manœuvre ?
Le
nombre d’agriculteurs en difficulté ne faiblit pas et sollicite l’attention des
organisations professionnelles mais aussi de tous les agriculteurs.
*
L’action des médias déstabilise nombre d’agriculteurs. Beaucoup de nouvelles leur apparaissent comme des
agressions en mettant en exergue
quelques mauvaises pratiques (quant à l’utilisations des intrants ou le
traitement des animaux) et des groupes minoritaires (végans et autres). Parfois
les informations sont inexactes ou fausses. Ils ont le sentiment de ne pas être
respectés dans leur professionnalisme et leurs efforts. L’inquiétude est accrue
du fait des agressions physiques dont ils sont l’objet.
Les agriculteurs s’efforcent d’expliquer leur travail chaque fois que l’occasion leur est donnée
ou de créer des rencontres (fermes ouvertes,...) mais cela n’inverse pas
l’opinion dominante sur les dangers de l’agriculture moderne. Pourtant, paradoxalement, les sondages expriment toujours la confiance d’une majorité de
Français à leur égard.
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Il y a le sentiment que le gouvernement actuel n’a pas vraiment de projet agricole ;
il semble pris dans des logiques contradictoires et ne tranche pas sauf pour
plus de libéralisme. Les agriculteurs ne se sentent pas pris en compte dans les
projets de changement. Pendant ce temps, l’administration continue de faire
peser sur eux une bureaucratie et des obligations qui les monopolisent et
quelquefois les insécurisent.
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La coopération et le mutualisme ont eu de belles réalisations mais les
dimensions et les orientations des grandes coopératives et des banques donnent aux agriculteurs un sentiment
d’éloignement. Ils pensent leur existence
nécessaire mais leur frustration vient du fait qu’ils n’ont plus la main
sur les décisions. Tout cela est liée à une mondialisation où ces organisations
tentent de prendre place mais qui ouvre
aussi la France à une concurrence où les
règles humaines et environnementales ne sont pas les mêmes. L’Europe
gagnée par le libéralisme protège de moins en moins son agriculture.
* Pour
certains agriculteurs, l’aspiration à la coopération conduit régulièrement à mettre en place des
collaborations plus modestes où l’individu est reconnu et participant. En même
temps, il faut reconnaître que d’autres s’enferment dans un individualisme
exempt de solidarité : beaucoup d’égoïsme, de volonté de réussir en ignorant
les autres. Le foncier reste un point fréquent de logiques individualistes même
si les groupements fonciers agricoles manifestent une forme de solidarité.
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