Chaque année, des agriculteurs
d’Argonne se réunissent afin de préparer une messe en l’honneur de leur Saint
Patron, Saint Eloi.
« Cette
fête de Saint Eloi est l’occasion de nous retrouver pour
pouvoir échanger. Nous manifestons ainsi ce qui doit être une orientation de
notre profession : la solidarité, l’encouragement et le soutien mutuel.
Résister aux logiques économiques et aux mentalités
actuelles qui peuvent tendre
à dissoudre cette solidarité. »
Des pistes de réflexion...
* Un incontournable, le soin apporté à notre planète
Dieu nous a
confié la Création et toutes ses potentialités. C’est un don magnifique qui
engage notre responsabilité : prendre soin de la nature grâce à notre
intelligence et à notre travail ; prendre soin des hommes, des femmes pour
former une communauté humaine fraternelle.
Chaque profession
participe à sa façon à promouvoir et préserver ce Bien Commun. Mais le rôle de
l’agriculteur par son rapport particulier à la nature et à la terre occupe une
place décisive : entretenir la vie des plantes, des animaux ; nourrir
les hommes ; préserver les écosystèmes et la biodiversité. C’est une
passion et une fierté et il n’y a pas de raison de s’en laisser déposséder.
Les uns et les autres, nous percevons les défis techniques et
économiques qui se présentent et chacun cherche comment il pourrait y faire
face. S’adapter au changement climatique, mettre en œuvre des solutions qui
préservent la biosphère, la biodiversité, évitent la pollution. Sans doute
chacun est déjà en route comme le sont beaucoup de nos concitoyens dans leurs
façons de consommer, comme le sont d’autres professions…
* Rétablir la confiance entre nous
Les
questions liées à l’environnement occupent beaucoup les esprits. Un souci de
notre société devrait nous préoccuper aussi intensément, c’est la méfiance qui
s’est installée entre nous. Reconstruire la confiance et le dialogue avec
toutes les catégories de la société. Ne laissons pas le lien social se déliter
complètement. Il faut savoir profiter et créer des occasions d’expliquer son
travail, ses efforts et montrer le chemin parcouru. Il nous faut rétablir de la
confiance et, si effectivement certains ont peu souci du bien commun, beaucoup
d’autres ne demandent qu’à comprendre et être compris.
Plus largement,
la ruralité est dans notre société très urbanisée un facteur d’équilibre dont
nous avons besoin. Cette ruralité, par
ses qualités de contact avec la nature, les paysages, la vie végétale et
animale mais aussi son patrimoine, un rythme de vie calquée sur la nature est à
entretenir, à préserver pour le bien de tous. Les agriculteurs y contribuent
avec les autres catégories sociales qui l’habitent (artisans, commerçants,
employés, ouvriers, cadres et professions libérales). Cela demande le sens de
l’autre, même s’il est différent, dialogue et bienveillance. Il faut préserver
ou créer des lieux de rencontre, d’échange, de fête qui permettent de penser
ensemble un avenir commun et de constituer des territoires ruraux animés et
vivants. Nous nous habituons trop facilement à l’individualisme. La confiance
et la solidarité sont des biens plus précieux que les sécurités matérielles.
* Tracer un
chemin dans le brouillard.
Notre monde est
compliqué et beaucoup se sentent déboussolés. Quoi faire ? Vers où
aller ? Il faut refuser le fatalisme et le repli. Donner une place à
chaque être humain, le respecter, faire grandir la solidarité et l’harmonie
sont des boussoles pour nos choix de chaque jour.
Noël ne doit pas
être le moment d’une trêve trop vite passée; il se prépare comme l’accueil, au
milieu des peines et des difficultés, de la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui a
confiance dans l’humanité qu’il a créée et qu’il vient encourager dans son
désir de justice, de fraternité et d’amour. Noël n’est pas un moment d’oubli,
il doit être chaque année la base d’un rebond, d’un effort renouvelé puisque le
Seigneur est parmi nous, avec nous.