Suite à la publication du 18 novembre sur le bilan de l'année agricole, Joël Morlet propose quelques pistes de réflexion pour rebondir au delà de l'événement festif de la Saint-Éloi.
Rassemblés pour la fête de notre Saint Patron, il n’est pas exagéré de dire que la sérénité n’est pas dans les têtes. Beaucoup d’inquiétude et de questions nous habitent. Où allons-nous ? De quelque côté que nous regardions, l’avenir apparait incertain et insécurisant. Que nous regardions la situation politique de notre pays, les relations entre les nations, nous voyons affrontements, invectives, provocations et peu de volonté de s’entendre. Dans notre société en général, il y a comme un délitement du lien social, du vivre ensemble et de nombreuses incivilités et frustrations. Dans notre profession, des oppositions se durcissent. La question environnementale remet en cause la trajectoire de notre société mais n’arrive pas à trouver des solutions consensuelles.
En nous présentant devant Dieu, il y a donc déjà une prière pour lui demander son aide afin d’affronter et surmonter ces difficultés, nous éclairer, ranimer notre espérance
Dans un second temps, en écoutant la Parole de Dieu, quelle espérance devons-nous cultiver ? A quoi sommes-nous appelés dans cette situation ? Le mal est tel qu’il nous fascine, quels chemins de vie et de confiance peuvent s’ouvrir ?
Notre foi chrétienne nous invite à regarder vers le Christ. Lui aussi, à son époque, a affronté et subi le mal mais le passage par la croix a débouché sur la résurrection et l’espérance d’un monde de justice, de fraternité et de paix. Nous sommes invités à participer à sa construction. Actuellement le brouillard est épais mais le Christ nous invite à avancer, même si ce n’est que pas à pas dans cette direction d’un monde renouvelé par l’amour. Nous avons à être une lumière, un sel qui travaille à renouveler le monde vers plus de justice et de fraternité.
En fait n’est-ce pas ce que nous nous efforçons de faire chaque jour, même si quelquefois nous risquons de l’oublier ? Les menaces ne doivent pas masquer les pas que nous faisons pour respecter et mettre en valeur la Création qui nous est confiée. A partir de connaissances scientifiques nouvelles, notre conduite du travail évolue. « Symbiose », « Terrasolis », « les contrats de solution », les essais et formations en groupe, les réorientations personnelles : du collectif à l’individuel, chacun réfléchit, tenant compte des contraintes techniques et économiques, à la manière de travailler de manière responsable. Il est vrai que tout cela est habité d’une tension entre le souhaitable et le possible qui est quelquefois dure à vivre.
A côté de la question environnementale, les relations sociales dans notre pays demandent aussi un effort pour restaurer de la confiance et du dialogue ; il y a comme un éclatement de la société en groupes de revendications sans réelle écoute de l’autre. On ne s’écoute pas, on ne se comprend pas.
Au niveau national, où alternent oppositions radicales et débats, responsables et citoyens doivent se dire qu’il faudra bien aboutir à des compromis car nous continuerons de vivre ensemble dans le même pays.
Pensons aussi à reconstruire le lien social par le bas. Combattre un individualisme négatif en favorisant tout ce qui est associatif, tout ce qui rassemble, tout ce qui permet de se connaitre et de réaliser ensemble. Là encore le chemin est déjà ouvert par le mutualisme et la coopération, le travail en groupe, les rencontres professionnelles, les associations familiales ou de loisirs, les évènements festifs. Les municipales seront-elles l’occasion d’un débat positif entre tous les groupes sociaux sur la vie commune dans les villages et l’évolution de notre espace rural ? Chacun a sa part de vérité et le dénigrement doit faire place à l’écoute et au dialogue, le respect doit être réciproque. On réclame des gens mesurés, capables d’écouter, de débattre avec, en priorité, le souci du bien de tous.
Saint Paul nous dit que la Création et notre humanité sont comme en enfantement et en ce moment, l’enfantement est particulièrement douloureux et incertain mais nous sommes invités à avancer pas à pas dans la direction d’un monde meilleur. Ce n’est pas ce qui conduit à la division et à la mort qui doit nous obséder, il s’agit plutôt de s’appuyer sur ce qui nait déjà d’un monde de justice et de fraternité pour avancer et vivre concrètement cette espérance. Notre effort pour prendre soin de la Création et vivre la fraternité ne doit pas être marginalisé mais être de plus en plus partagé par tous.


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