Dans sa lettre de 2015 intitulée « Laudato Si » le pape François nous invite à reprendre conscience de notre responsabilité face à ce don que Dieu nous a fait au travers de la Création. Joël Morlet
L’humanité est entrée dans une ère nouvelle où le pouvoir technologique nous met à la croisée des chemins. Nous sommes les héritiers de deux siècles d’énormes vagues de changement : la machine à vapeur, le chemin de fer, le télégraphe, l’électricité, l’automobile, l’avion, les industries chimiques, la médecine moderne, l’informatique, et, plus récemment, la révolution digitale, la robotique, les biotechnologies et les nanotechnologies. Il est juste de se réjouir face à ces progrès, et de s’enthousiasmer devant les grandes possibilités que nous ouvrent ces constantes nouveautés, parce que « la science et la technologie sont un produit merveilleux de la créativité humaine, ce don de Dieu ». La modification de la nature à des fins utiles est une caractéristique de l’humanité depuis ses débuts, et ainsi la technique « exprime la tendance de l’esprit humain au dépassement progressif de certains conditionnements matériels ». La technologie a porté remède à d’innombrables maux qui nuisaient à l’être humain et le limitaient. Nous ne pouvons pas ne pas valoriser ni apprécier le progrès technique, surtout dans la médecine, l’ingénierie et les communications. Et comment ne pas reconnaître tous les efforts de beaucoup de scientifiques et de techniciens qui ont apporté des alternatives pour un développement durable ?
Mais nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informatique, la connaissance de notre propre ADN et d’autres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. Mieux, elles donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit qu’elle s’en servira toujours bien, surtout si l’on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser.
Le fait est que « l’homme moderne n’a pas reçu l’éducation
nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir », parce que l’immense
progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être
humain en responsabilité, en valeurs, en conscience.
Ce qui arrive en ce moment nous met devant l’urgence d’avancer
dans une révolution culturelle courageuse. La science et la technologie ne sont
pas neutres, mais peuvent impliquer, du début à la fin d’un processus, diverses
intentions et possibilités, et elles peuvent se configurer de différentes
manières. Personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes,
cependant il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité d’une
autre manière, recueillir les avancées positives et durables, et en même temps
récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une
frénésie mégalomane.
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